85 % des cancers du rein sont des carcinomes rénaux à cellules claires.
Au cours des dernières années, la fréquence de ce cancer a fortement augmenté avec 12000 nouveaux cas recensés chaque année en France, et près de 4000 décès par an.
Le développement du cancer est la conséquence d’une accumulation d’altérations génétiques, acquises au cours de la vie. Ces altérations génétiques ne sont retrouvées qu’au niveau des cellules tumorales. Dans le cas des cancers du rein, l’altération majeure concerne le gène suppresseur de tumeur « VHL ».
QUAND LE DEREGLEMENT METABOLIQUE EST INDUIT PAR LES GENES…
L’altération génétique de VHL est due soit à l’apparition de mutations dans le gène, soit à la « disparition » du gène, et est responsable du développement du cancer du rein. En effet, la perte d’expression de VHL entraîne l’expression anormale de nombreuses protéines qui induisent le développement de vaisseaux sanguins. Ces vaisseaux sanguins permettent l’apport d’oxygène et de nutriments aux cellules cancéreuses, ce qui accélère la croissance tumorale.
Ces découvertes majeures ont ouvert la voie au développement des thérapeutiques anti-angiogéniques (traitements détruisant les vaisseaux sanguins) qui ont révolutionné le traitement du cancer du rein métastatique.
Les cancers du rein de bas grade, non métastatiques diagnostiqués précocement sont traités et « guéris » par l’ablation de la tumeur par chirurgie. Cependant, tous les cancers du rein n’ont pas la même gravité. En effet, une fois que la tumeur a été enlevée par chirurgie, près de 35% des patients finiront néanmoins par récidiver avec colonisation de cellules tumorales dans un autre organe. Le cancer du rein devient alors un cancer métastatique et est souvent fatal. De plus, le délai entre l’opération et la réapparition du cancer peut varier de quelques mois à de nombreuses années.
Il est nécessaire de trouver de nouveaux marqueurs (protéines s’exprimant de façon anormale) permettant de prédire l’agressivité du cancer du rein lorsque celui-ci est diagnostiqué et opéré. Ces marqueurs permettront d’améliorer la prise en charge et le suivi des patients.
UNE NOUVELLE ETUDE PROMETTEUSE
Dr Damien Ambrosetti du service d’anatomopathologie du CHU de Nice, Dr Matthieu Durand du service d’urologie du CHU de Nice, Dr Maeva Dufies du Centre Scientifique de Monaco, ainsi que l’équipe CNRS UMR7284/INSERM U1081 de l’IRCAN avec les Drs Gilles Pagès et Nathalie Mazure se sont donc associés pour réaliser une étude sur un nouveau couple de marqueurs prédictifs de l’évolution péjorative du cancer du rein : MCT1 et GLUT1.
Cette étude s’est portée sur l’analyse de l’expression de différentes protéines potentiellement dérégulées suite aux altérations du gène suppresseur de tumeur VHL.
Sur huit protéines initialement étudiées au sein des tumeurs, deux protéines, MCT1 et GLUT1, permettent de prédire l’agressivité du cancer du rein. En effet, les tumeurs exprimant conjointement et fortement ces deux protéines (MCT1 et GLUT1) sont des tumeurs très agressives qui, après opération, amèneront à une réapparition rapide du cancer puis au décès du patient en quelques mois.
L’expression de MCT1 et GLUT1 va favoriser « l’alimentation » des cellules tumorales et ainsi permettre à celles-ci de se multiplier rapidement, favorisant le développement du cancer. C’est pour cette raison que les tumeurs exprimant ces deux marqueurs sont des tumeurs très agressives.
QUELLES PERSPECTIVES ?
A terme, l’objectif est de pouvoir faire de MCT1 et GLUT1 un couple de marqueurs prédictif de l’agressivité du cancer du rein. Néanmoins, l’expression de ce couple de marqueurs devra être étudiée chez un plus grand nombre de tumeurs afin de valider sa pertinence. Après ces études complémentaires, l’analyse de l’expression de MCT1 et GLUT1 pourrait être systématiquement réalisée afin d’affiner le diagnostic et la prise en charge thérapeutique des patients atteints d’un cancer du rein.