La chirurgie robot-assistée : efficience et organisation

27 mai 2021 | A la une, Etudes cliniques, Médias

« Le développement d’une activité́ chirurgicale robotique avec le système Da Vinci (Sunnyvale, CA, USA) est un challenge pour toutes les équipes chirurgicales dans le monde entier » explique le Dr Matthieu Durand, chirurgien urologue à l’Hôpital Pasteur 2 du CHU de Nice et responsable du développement du programme de chirurgie robot-assistée à l’échelle de l’institution.

« C’est un enjeu de taille car pour que les patients puissent bénéficier de cette innovation technologique. Afin que la chirurgie robot-assistée profite au plus grand nombre, il faut rendre son accès facile et son utilisation par les chirurgiens la plus efficiente possible. » C’est avec cette conviction que l’équipe du Pr Daniel Chevallier et du Dr Matthieu Durand, respectivement, chef de service et PHU du département d’urologie, d’andrologie et de transplantation rénale du CHU de Nice ont conçu une étude médico-économique d’envergure sur la chirurgie robot-assistée en urologie, qui a été récemment publiée dans la revue scientifique et médicale française Progrès en Urologie 2021.

« Nous étions convaincus que notre méthode mise en place début 2017, pour développer la chirurgie robot-assistée avait un impact sur la qualité des soins et la réduction des coûts à l’usage de la chirurgie robot-assistée. Pour cela, nous avons développé une étude de cohorte comparant un certain nombre de critères d’études cliniques et médico-économiques, avant et après la mise en place de notre méthode » ajoute le Dr Matthieu Durand. « Une étude clinique, c’était le meilleur moyen d’évaluer notre action, nos pratiques et de savoir si nous devions continuer dans la direction ».

Et la réponse, « Oui ! notre méthode a été éprouvée par nos analyses et il en ressort que nous opérons plus de patients, dans tes temps plus courts, avec des cas plus difficiles et moins de complications. » Et d’ajouter, « seule une étude clinique menée selon des règles très strictes scientifiques permet à une équipe chirurgicale d’avancée sereinement, car elle neutralise toute subjectivité et met en relief les bonnes avancées comme les autres. » Et dans le cas de cette étude, le Dr Imad Bentellis, chirurgien-urologue de l’équipe et en charge des analyses statistique souligne les résultats « Nous mettons 2 fois moins de temps pour opérer grâce à notre méthode – c’est donc moins de risque de conséquence d’anesthésie longue – et nous avons augmenté par 4 le nombre de patients avant et après l’application de notre méthode tout en réduisant la durée moyenne de séjour par 2 – donc, plus de patients peuvent en profiter avec sécurité et sans complication majorée. ». Le Dr Brannwel Tibi, chirurgien urologue qui a participé à cette étude rajoute : « l’expérience de l’opérateur compte, c’est certain en chirurgie, mais pas autant que l’expérience du centre comme le montre différents papiers déjà publié comme celle du Dr Peyronnet au CHU de Rennes. Notre étude concoure à renforcer ces résultats ».

A la question de la rentabilité, le Dr Durand insiste « les chirurgiens sont des opérateurs, des médecins et des cliniciens, certes. Mais ils doivent nécessairement être conscients des investissements que peuvent représenter de telles innovations technologiques pour leurs institutions – et donc pour la société. C’est pourquoi, nous voulions démontrer qu’il était possible d’atteindre un seuil de rentabilité en suivant une méthode d’exploitation de la plateforme robotique très cadrée avec l’ensemble de nos équipes. Notre étude prouve que pour être à l’équilibre financier, il faut réaliser 430 actes selon notre programme. C’est beaucoup mais c’est faisable ! Donc nos résultats insiste à plus de développement de programmes de chirurgie robot-assistée en France ».

D’ailleurs, en 2020, l’équipe chirurgicale urologique du CHU de Nice et du groupe hospitalier de territoire des Alpes-Maritimes coordonné par le Dr Durand a réalisé sur une seule plateforme robotique 460 interventions urologique. Et de rajouter en perspectives par le chirurgien « nous travaillons aujourd’hui sur un prochain papier scientifique qui vise à démontrer de l’efficience de notre méthode selon les casemix des programmes opératoires. Autrement dit, nous menons actuellement une étude en élargissant nos méthodes à d’autres spécialités et pour démontrer que nous pouvons ainsi développer plus d’efficience encore et de performances chirurgicales au bénéfice des patients au-delà de nos seules indications urologiques. »

IMSRU